BAR-CANTINE

Publié le par lavieestunegrandeetmagnifiquefarce

 

                                                                      

 BAR-CANTINE

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L'homme est frisé et mange goulument, le nez dans la marmite de moules.

Elle avait un blouson de jean's, mais il était négligemment pendu au pied de la chaise.

Du coup, son dos arrondi, ses épaules rentrées, montraient des os saillants faisant onduler de nombreux tatouages.

Ils se parlaient, séparés par le marmiton.

En arrière plan, s'élançaient des bambous, tout droits et bien élégants, ma foi !

 

La terrasse est pleine, pourtant les conversations sont feutrées.

Est-ce dû au manque de musique? On m'avait pourtant conseillé ce bar, pour les concerts dont il résonnait.

Les sons semblaient absorbés par des tapis ou tentures imaginaires. Quelle étrangeté!

 

Je suis seule et toutes les tables sont occupées par des couples, familles ou groupes.

Seul, un homme, d'une trentaine d'années, occupe aisément et entièrement, une table comme s'il voulait se l'accaparer.

Visiblement, un habitué devant sa bière.

Il semble attendre des amis, en sirotant sa boisson et en gardant sa table.

Il attend, en attendant, et en écoutant la musique branchée dans ses oreilles.

 

Il n'y a que lui et moi, attablés seuls, à une table.

 

Je déguste mon environnement et mon Saint-Nicolas de Bourgueil. J'aimerais écouter Graeme Allwright :  « Suzanne t'emmène, écouter les sirènes, elle te prends par ... »

 

Ah !,  j'oubliais la femme, à la voix rauque de celle des fumeuses, seule également, avec sa cigarette et son chien : «  Anissa » comme l'anis, qu'elle boit et englouti...

Elle est trop seule derrière sa cigarette!

 

Une jeune fille aussi est isolée et se coiffe et se recoiffe, pour simplement finir avec une « queue de cheval » haute perchée.

 

Je suis heureuse d'être là, seule, à écouter, voir et sentir. J'ai même bu entièrement ce bon verre de vin.  Je l'ai dégusté.

 

A ma droite, une famille, composée d'un couple et de deux jeunes filles, n'échangent rien. Ils attendent,.............

d'être servis.

Leur communication : c'est leur corps, leur place, leurs yeux,  leurs mimiques : je les comprends.

 

J'ai choisi cette soirée où je suis seule à la table, que j'ai soigneusement repérée comme d'habitude. C'est peut-être ce non- choix,  cette nouvelle habitude de m'installer de façon à voir les entrées et les sorties qui me dessine unsourire lucide.

 

En face, l'homme à la bière et à la musique, a été rejoint par ces amis. Visiblement, ils se racontent déjà la nuit précédente. C'est peut-être la nuit que l'on vit réellement?

 

Je suis heureuse et triste parce que je me fais la conversation, sur ces tickets de restaurant, que j'ai « chiné » à la serveuse.

 

Mais bon!  le flot des mots est toujours là, vous savez, celui qui ennui tout le monde.

Cela me rassure d'avoir encore quelque chose à dire.

 

Le groupe de « l'homme seul à la musique dans les oreilles en direct »,  parle de l'emplacement de leurs tomates et de la qualité de leur terre, pour ensuite dériver sur la jungle. Mais oui, j'ai tout entendu. C'est possible, je vous le dis :  de passer des tomates à la jungle !

 

Ooh!!  Quelle vulgarité cette femme en « robe tee-shirt » rouge et blouson de velours. Il semble que la robe aimerait fuir ce corps.

Son homme la suit, souriant avec un air moqueur, de voir sa femme, prendre l'autre entrée du bar, différente de la sienne. Il semble heureux de la farce, qu'il lui fait?  pour voir un simulacre de peur sur son visage.

 

L'homme à la musique, est passé aussi, au Saint Nicolas de Bourgueil et parle désormais, de tomates cerises.

Elles sont vertes, mais en même temps, on en a toujours besoin, qu'importe la saison !

Et puis, il faut vous dire que comme les tomates : les pêches et les pommes, prennent aussi leur envol en « euros stars »!

C'est ça , une conversation entre amis un samedi soir, sur le port de plaisance de La Roche Bernard ?

Comme ça me semble étrange...

 

Hmummm! Le rhum, ça sent le rhum...

 

Pour ne pas paraître étrange, il faut faire et dire des choses simples, bien commodes pour une conversation entre amis. Quelque chose de bien lissé, uniformisé.

 

Ce soir,  j'ai réussi, seule, à faire une chose simple sans amis. Je devrais être heureuse?

 

Malgré tout, petite ambiance tristounette : il n'y a ni rire, ni sourire au bout de ce port.

 

Il n'y a que des gens et des choses qui sont là,  de façon rituelle et c'est comme si,  il n'y avait personne pour changer: ni le rite, ni le rythme...


                                                                                                                                                                           Héroïc

                                                                                                                                                                           Le 10/07/2010

                                                                                                                                                                           A La Roche Bernard.

 

 

 

 

 

 

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