De plâtre blanc...

Publié le par lavieestunegrandeetmagnifiquefarce

Je reviens dans cet appartement que je ne connais, que pour l’avoir aménagé et meublé, avant de le louer à un jeune  couple, inconnu.

Le lieu avait perdu son âme. Les meubles avaient probablement été vendus et du sol au plafond, il transpirait de misère noire et sale - J’ai froid-


J’avance prudemment dans chaque pièce pour ne découvrir que des objets hétéroclites, cassés, jetés là par hasard. Peu de choses, somme toute, mais chacune semble ne pas être à sa place.

Une fenêtre entr’ouverte bat au vent - Je me fige-


Puis, je décide de me diriger vers la pièce du fond pour la fermer.

Elle est étonnement propre et vide.

Après avoir vérifié la fermeture de la fenêtre, je me retourne. Face à moi, trône la cheminée de ville que j’avais oubliée. Le foyer est étroit. Il s’ouvre à moi – Intrigue-


Le manteau fraîchement repeint en blanc attire mon regard. Je laisse glisser mes doigts sur sa surface lisse, tout en regardant mon visage, dans le miroir, accroché tout naturellement là –Tristesse-


Mes doigts rencontrent un cadre couché, face contre le bois peint -Arrêt sur image-


C’était un cadre ovale de plâtre blanc, orné de petites roses en relief, de ceux qui accueille un portrait.  Il était le seul objet de la pièce propre et vide.

Je me regarde dans le miroir. J’interroge mon regard. Je me souviens de la petite Gisèle, encadrée dans un ovale, au dessus du grand lit carré de ma grand-mère     -Vision arrière-


Délicatement, avec mes deux mains, je retourne le cadre lentement, comme pour mieux garder en mémoire, le portrait de la petite Gisèle : survenue ainsi, si soudainement – Angoisse-


Mes yeux fixent le cadre ovale, vide.

Je reste figée sur l’ovale qui n’encadre pas.

C’est un cadre de plâtre blanc, retourné sur le manteau de la cheminée, trônant avec le miroir, dans la seule pièce propre et vide

- Néant, rien-Je n’ai plus d’images-


D’inquiétude, je le repose brusquement. Il se casse. Je sursaute et retiens un cri.

Je ramasse les trois morceaux pour tenter de les rassembler.

Un reflet rouge dans le miroir attire mon attention.

Au sol, un minuscule petit rouleau de métal rouge et or, roule sur le plancher… - Précipitation-Tension-


Après l’avoir débarrassé des poussières de plâtre, je m’aperçois qu’il peut s’ouvrir comme un crayon, en tirant sur son capuchon rouge.

Je pose le capuchon rouge, du cadre de plâtre aux roses blanches, sur le manteau de la cheminée - Apnée-Stop-


Je sors précipitamment. Je me retrouve dans ma rue, les poings fermés. Je me blesse à l’annulaire.

J’ouvre ma main : une goutte de sang rouge, un capuchon et une aiguille fine. Courrait dans le chas, une longue et fine mèche de cheveux blancs ondulés.

 

                                                                       A St Nazaire, le 28 mars 2012

                                                                       Véronique DEBRAY 

Publié dans voyage

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