JE SUIS UNE PINCE À LINGE

Publié le par lavieestunegrandeetmagnifiquefarce

 

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Je suis une pince à linge, mais pas une quelconque : j'ai un ressort.

J’ai un ressort et je suis de bois, mes autres con génères sur le même fil, sont de plastique , ne s’usent pas, mais n’ont pas de ressort.

Alors moi, avec mon ressort, quand je tiens, ...je tiens et je maintiens, jusqu’à ce que je sente bien, le tissu mouillé dans ma  bouche.

Alors parfois bien sûr, je fais la fine bouche.

En effet, le « string » en nylon, lavé à trente degré avec le pull angora de la grand-mère, (car Mademoiselle, les cache à sa mère), je ne vous dis pas le goût : acre et pisseux.

Je me console en observant loin ou de très près également, toutes ces choses que, le fil sur lequel je suis prisonnière, me permet de voir.

 

Je peux même vous dire, combien de baleines il y a dans le corset de la même grand-mère, au pull angora.

Parfois, quand l'envie m'en prends, je fais sauter, un ressort, et alors je navigue sur le fil, « du rasoir ».

Du coup, je me promène, le nez au vent , hélas, toujours horizontalement, entre les deux bons gros vieux chênes, a u moins centenaires.

Je sens, je hume, je savoure par le nez, toutes les bonnes odeurs de la campagne. Ainsi, j'écarte de mon cerveau, l'odeur du string, mal lavé, et toutes les autres acides, écœurantes, que j'ai engrangées dans mes neurones de pince à linge.

J'oublie, et si haute perchée, allant de droite à gauche, au fil des coups de vent, j'entends , voire plus, bien souvent: j'écoute attentivement, tous les chants de tous les oiseaux de notre campagne d'ici.

Ainsi, chaque fois que le vent se lève ou, p lus agréablement, cette petite brise du coteau du pays de Redon, j'apprends et je reconnais tous les chants, de tous les oiseaux, échoués dans ce pays là.

 

Je les reconnais tous, désormais. Mais je suis désolée, que si peu m'interroge sur ce que je sais et sur ce que j'apprends.

 

Il faut vous dire que j'ai appris, aussi, à connaître et reconnaître tous les textiles, dès que je les touche.

Le naturel, le synthétique, le soyeux, le laineux, le rêche , le doux, le fragile, l'usé, le neuf, l'apprêté, le déguenillé, l'élégant et le rustre, celui qui traverse tous les âges… indémodable.

Désormais, je peux apprendre énormément de choses, dès que je fais sauter mon ressort. Donc, moi aussi je sais...et, tout ce que je sais, n'intéresse personne.

C'est ainsi, je n'ai pas le choix, je dois accep ter.

Parmi les plus usés, je me souviens surtout de ce petit bavoir, passé d'enfant en enfant naissant, et qui liait les personnalités de cette grande famille de six enfants, de la maison « bourgeoise ».

On peut dire, que dans cette famille là, on avait pas l'habitude de jeter les vieilles pinces de bois, avec un ressort, qui sautait régulièrement.

Il était aussi, régulièrement reposé, délicatement, par le maître des lieux, comme si vous étiez, quand même nécessaire à cette famille-là.

Oui, vraiment nécessaire, même si, toutes mes copines du fil, étaient plus résistantes, plus modernes, plus pratiques, moins compliquées que moi.

Même si, je prenais plus de temps à Monsieur que mes autres congénères, liées à moi par un fil aussi usé que moi. 

Même si, j'étais isolée, de part les matéri aux qui me composaient, de toutes les: «  utilement semblables » à moi.

Chaque pince devrait être considérée, comme le faisait Monsieur, avec beaucoup d'attention et de considération.

Sinon, nous risquons, l'envol de tout ce qu'on peux tenir, maintenir et retenir.



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                                                                                               Héroïc

                                                                                               Le 23 juillet 2010.

 

 

 

 

 

 



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